Témoignages sur Music4ROM

Etsuko Hirosé, pianist: « Ce fut un moment intense et un vrai bonheur d’avoir participé au projet Music4Rom. L’échange avec les musiciens rom m’a ouvert un univers, qui grâce à mon professeur Jorge Chaminé je connaissais déjà, et qui m’a donné des idées musicales nouvelles. En particulier, le concert en présence de ces musiciens restera un événement marquant dans ma vie de concertiste.
Autour de cette musique déchirante et vivifiante qui parle de l’âme, et qui exprime comme le soulignait Liszt des émotions débordantes d’amour de l’humanité, j’ai vécu un moment profond et essentiel de musique universelle.  »
Emmanuelle Dijon, Docteur en musicologie Université de Paris IV:
« En tant qu’auditrice, j’ai pu apprécier la qualité et la diversité des é changes entre les intervenants et les jeunes musiciens retenus pour cette session, l’ensemble de ces activités étant habilement orchestré par Maître Jorge Chaminé. Le contenu des différentes conférences a enrichi mes connaissances sur l’apport de la culture rom dans la musique savante occidentale, tant dans le domaine musicologique que dans celui de pratique instrumentale (violon) et vocale.
La Master-Class donnée par Maître Jorge Chaminé autour des Zigeunerlieder de Brahms, et à laquelle nous avons eu l’honneur de participer, a eu une répercussion immédiate sur l’interprétation de cette oeuvre par notre ensemble. Lors du concert de clôture, nous avons pu lui insuffler avec plus d’aisance cette vitalité et cette générosité qui la caractérisent. Notre groupe garde un excellent souvenir de cette expérience de partage rare et unique. Nous remercions Maître Jorge Chaminé pour son enseignement si précieux, ainsi que l’équipe organisatrice de Music4ROM et le Collège d’Espagne pour son accueil et sa disponibilité. »

Thibault Lam Quang, Directeur musical et artistique des Temperamens Variations:  » Cher Monsieur, cher Maître,

Je reviens vers vous pour vous dire à quel point la participation à votre projet Musi4Rom a été enrichissante pour l’ensemble vocal que je dirige et moi-même.
Beethoven disait à propos de l’une de ses grandes sonates pour piano, « Venu du coeur, que cela retourne au coeur ».
Pour les Zigeunerlieder de Brahms que nous avons pu étudier en Master-Class et interpréter en concert, cette phrase a eu toute sa valeur.
En effet, entourés de musiciens dont la culture est au coeur de ces magnifiques pages, nous avons pu en entrevoir la variété de sentiments – alternant énergie exubérante et pudeur – sans tomber dans les clichés habituels liés à la musique tzigane.
Cette journée du 25 octobre passée en votre compagnie et celle de vos invités roms restera gravée dans la mémoire de mon ensemble et de ses chanteurs.
Le concert que nous avons donné le 11 novembre suivant, avec Laurent Cabasso et Antoine de Grolée, et qui portait le titre de « Brahms le Tzigane » s’est joué devant une salle comble et enthousiaste doit une bonne partie de sa réussite à ces rencontres qui ont pu avoir lieu dans le cadre du projet Music4 Rom et qui ont culminé dans l’hymne rom « Gelem, gelem » que nous avons été tous invités à chanter sur la scène de la salle Bunuel du Collège d’Espagne de Paris.
Trouvez ici l’expression de ma plus grande estime et reconnaissance. »

Léa Sarfati, artiste lyrique :
« SOUVENIR D’UN APPRENTISSAGE HEUREUX
Je garderai toute ma vie la sensation d’une immense liberté lorsque j’ai chanté « Rumania Rumania » avec Roberto et ses musiciens.
N’étant pas du tout disponible avant le concert pour répéter, mon professeur, Jorge Chaminé, a décidé de me faire, malgré tout, confiance et de programmer le morceau « Rumania Rumania » pour conclure le concert au Collège d’Espagne.
Je suis donc arrivée à 18H30 au Collège d’Espagne pour le concert qui commençait à…19H. Nous nous sommes mis dans une salle avec Roberto et il m’a tout de suite dit qu’il n’avait pas imprimé la partition que je lui avais envoyée. Ni pour lui, ni pour ses musiciens, mais qu’il suffisait que nous la jouions une ou deux fois tout les deux. Et nous voila donc partis, dans ce que j’appellerais en jargon classique, sur une répétition de… « déchiffrage par coeur » du dit morceau.
Je me suis mise à chanter et j’ai décidé de tenter l’expérience en mettant mon conscient et mon inconscient de musicienne classique professionnelle dans un état de lâcher prise, pour laisser venir tout ce qui pouvait me surprendre jusqu’à me laisser surprendre petit à petit par moi-même.
Nous avons convenu (avec la bienveillance de Roberto qui sentait bien que j’avais besoin d’être rassurée) d’une structure du morceau et nous nous sommes donnés RV sur scène pour nous « rencontrer ».
Lorsque je suis montée sur scène (après 3 heures de concert !!), la situation était plutôt loufoque, car j’ai fait connaissance avec les musiciens sur le plateau avec lesquels nous allions jouer pour la toute première fois ensemble un morceau dont personne n’avait la partition…devant une salle pleine à craquer ! Allez raconter ça à un musicien classique !!
Mais là, la musique a commencé. Quel bonheur ressenti, de monter en scène et de sentir au plus profond de moi que « tous les possibles » sont là, à portée de main, à portée de voix, à portée d’âme. Que rien n’est cantonné dans des choix d’interprétation bétonnés et que je saute dans ce vide si plein de surprises. Tout était là, dans l’instant présent. Dans le « ici et maintenant ».
J’ai improvisé pour la première fois de ma vie !! Me suis amusée comme jamais en ne vacillant pas entre le jugement de ce qui a été fait ou celui de ce qui est à faire. Non, simplement, en faisant, simplement, en chantant. La voici, selon moi, cette liberté que nous musiciens classiques avons à apprendre de ces excellents musiciens Rom à la fois si proches et si différents dans leur approche de la musique.
L’acceptation de la rencontre avec l’inconnu et l’inattendu…le voyage… malgré l’immense exigence de la « performance » et de l’exécution d’une partition (écrite dans la plupart du temps par des génies !!), malgré le poids de la tradition, malgré la maitrise de la technique exigée, malgré… , malgré…, malgré…
En bref, la liberté de se réinventer à chaque fois.
Je garderai un seul regret, c’est que ce morceau n’ait pas duré plus longtemps car c’était comme un instant d’éternité.
Merci Jorge Chaminé, merci Roberto de Brasov et les musiciens !!!!!
Vive la musique, apprentissage de la vie !! «